A vos ordres

Davantage d’autonomie et de responsabilité. C’est une attente grandissante des jeunes cadres. Pour autant, cela ne signifie pas qu’ils veulent se passer d’encadrement.
Davantage d’autonomie et de responsabilité. L’expérience et l’âge y conduisent naturellement.

Et pourtant vous êtes nombreux à vous sentir comme des pions, poussés de case en case sur ce qui semble être un échiquier où certains se retrouvent parfois eux-mêmes en échec, et mat(és).

Du coup dans cette publication, qui fait parfaitement suite à celle du mois de Juin « Etre manager dans un SSII-ESN », nous nous attardons sur quelques pratiques qui sont à contre-courant de l’idée d’encadrement que jeunes et moins jeunes consultants attendent.

Et d’ailleurs, la question se pose : comment une SSII-ESN peut-elle bien promettre aux jeunes ce qu’ils attendent, et accompagner l’évolution de carrière de manière un tant soit peu prévisible ?
A cette question la loi répond en partie, en imposant à toutes les grandes entreprises une négociation sur la gestion des emplois et parcours professionnels.

Ordre de mobilité géographique. En faire un choix !

Exemple / idée : une carte des localisations de missions

Récemment, de nombreux collègues ont témoigné qu’ils avaient l’impression qu’on leur donnait l’ordre de partir en mission très loin de chez eux.

Nous on se dit qu’il vaut mieux que les missions à fort impact sur la vie personnelle soient discutées et convenues dans une climat serein. Et on dit aussi qu’il est souhaitable, voire obligatoire que les salariés sachent quels sont les objectifs de l’entreprise afin qu’ils puissent s’en emparer et s’y projeter. Ainsi, si l’entreprise entend développer une offre dans une région, il faut communiquer en interne, et ainsi susciter l’intérêt de celles et ceux qui désirent voir du pays.

Ceci étant dit, si jamais vous voulez bouger tant en France qu’à l’étranger, parlez-en à votre manager et à votre service des ressources humaines.

Alors plutôt que dire à Nathalie, de Bordeaux « J’ai une mission pour toi à Brest, tu dois y aller, car de toute façon ton contrat de travail t’y oblige par une clause de mobilité » (au passage, les clauses de mobilité ne valent que si elles ont une contrepartie, souvent financière), il est peut-être préférable de montrer d’abord à tous, où sont les opportunités de mission sur le territoire…

Ordre de mission. Encore faut-il qu’il soit conforme

Et si justement on prenait ça dans l’ordre. Et c’est pourtant pas compliqué !

Etape 1, le ou la commercial(e) trouve une mission qui semble être adaptée à ton profil (et pas un truc bidon qui n’a rien à voir, à moins qu’il ne te connaisse pas ?).

Etape 2, le ou la commercial(e) t’envoie le descriptif de la mission et sa localisation.

Etape 3, vous discutez au mieux pour être au top pendant la rencontre avec le client. Etre au mieux ça veut dire qu’il n’y a aucune incertitude : les moindres détails des conditions d’exécution de la mission doivent être clarifiés, comme les frais de déplacement par exemple, ou les modalités de télétravail, ou les formations à mettre en oeuvre, etc. En fait, ça veut dire qu’à ce stade, l’ordre de mission est prêt à être signé.

Etape 4, la rencontre, et la décision du client.

Etape 5, la signature de l’ODM.

Etape 6, GO ! …. Sauf s’il n’y pas d’ODM, ou que ce dernier est incomplet. Est-ce bien clair pour tout le monde ?

Bref, un ordre de mission conforme est celui que le commercial et le consultant ont tous les deux bien compris avant que la mission ne commence, pour que le client soit pleinement satisfait !

CONTENU DE L’ORDRE DE MISSION
– Lieu
– Temps de travail chez le client (voir si ça colle avec votre contrat…)
– Date de début, date de fin prévisionnelle
– Description exacte du travail à faire (pas en une ligne…)
– Frais de mission, compensations éventuelles
– Informations sur l’assurance d’entreprise

Ordre de volontariat pour mécénat de compétences, ou « quand les bonnes oeuvres deviennent un calvaire »

« Vous avez des consultants en intermission ?… Nous on les staffe sur des projets associatifs. Vous pouvez les en retirer sous 48h, à tout moment. Vous récupérez jusqu’à 60% des charges totales de vos salariés ». C’est l’offre d’un partenaire de quelques ESN. Sympa de travailler pour des associations d’intérêt général quand on est en intermission, non ? Comment cela se passe-t-il donc ?

Comme toujours on aura besoin de l’ordre de mission, conforme. Mais il est aussi question d’une mission pour la bonne cause, pour faire évoluer une association qui poursuit probablement un objectif d’intérêt général selon les critères de l’état. En effet, donner à ces associations de l’argent ou de la main d’oeuvre fait bénéficier de crédit d’impôts. Dans ces conditions la loi prévoit que le salarié doit expressément signifier son volontariat pour la mission de mécénat ! Ce qui veut dire un écrit qui en atteste.

Trêve de formalités. Tu es donc « staffé » pour une association. Tu veux bien faire. Même si au passage ton profil ne te destinait pas à rédiger un cahier des charges pour une application mobile (un exemple). Mais enfin, tu n’es plus à te morfondre en intermission. Des collègues sont d’ailleurs aussi sur le projet ! Trop cool.

1er jour, une chance, on t’a filé un PC pour travailler !! (Ben oui c’est vrai, tu n’as pas à travailler avec ton pc perso, sauf dédommagement financier :))

2e jour, un collègue part. Bon en fait il était arrivé une semaine avant toi sur le projet.

3e jour, un coup de téléphone de ton manager. « Demain je te présente pour une mission. Faudrait en parler d’ailleurs pour que tu te prépares. C’est pour une caisse de prévoyance, un truc genre scrum leader… ou chef master, ou le contraire. Bref, demain 17h. »

4e jour, un autre manager, celui qui « manage » les intermissions « Dis donc, pour l’association, tu avances quand même hein ? »… Suivi à 11h d’une réunion pour préparer l’entretien de 17h. D’ailleurs tu t’aperçois que ton dossier de compétences mentionne que tu es master chef désormais. Le manager : « ça te pose problème, tu te sens pas comme master chef ? »… Allez, à 17h, ça ira.

5e jour, le manager, par email, « Bof bof ton comportement confus hier à 17h, hein. Ne refais jamais ça ! ». A part ça un nouveau collègue rejoint le projet. Et il te fait remarquer le truc que tu n’avais pas lu sur ton ordre de mission : « tu fais ta mission pour l’association, mais tu la mets en pause dès qu’on te propose une autre mission ».
Ben tiens, justement, 18h30, un inconnu laisse un message sur ton téléphone perso « Je suis manager, Lundi matin à 10h faut que tu m’appelles. Faudrait que tu me dises si tu es d’accord pour une mission développement en Java, fullstack, nosql, php, CRM, windows. Réponse avant 14h. »

6e jour, ton manager par email à 9h30 : « Merci de me rappeler Lundi sans faute, j’ai une mission ».

7e jour, repos. Oui tu n’as pas bien lu, et en même temps c’est bizarre oui, mais c’est bien Samedi que ton manager t’a écrit un email pour préparer ton Lundi.

8e jour, Lundi, tu te demandes qui appeler. Ton manager ou l’autre… ou alors bosser pour l’association ?

Et les jours s’enchaînent, sur ce faux rythme, une pression latente, et grandissante, dans l’incertitude professionnelle la plus totale… ?…..
Paf, ben voilà, on vient de te sortir de cette mission. Il paraît même que ce sont les gens de l’association eux-mêmes qui ont demandé. « Le client nous a parlé de tes manquements, on n’a pas de preuve à te montrer… ». Mais nul doute qu’il y aura bientôt des emails sortis de nulle part, si jamais un manager reçoit l’ordre de prouver que tu es nul(le), pour te virer…

Alors, cette expérience de mécénat, elle t’intéresse toujours ?

Voilà, on savait que les situations vécues par nos collègues en intermission conduisaient parfois à une grande détresse psychologique. Mais les premiers retours de cette situation combinée avec le mécénat montrent que les états s’aggravent. Un calvaire, c’est pour dire.

Evidemment, nous appelons les directions à présenter au CSE les règles écrites, et opposables, de gestion des missions de mécénat. C’est pour le bien des collègues. Car sur le fond nous doutons que la mise en oeuvre du mécénat est légale dans de nombreuses SSII-ESN. A suivre…

Ordre de congés payés. Agir collectivement contre l’illégalité !

Quand on te dit « Ce serait bien de poser tes congés payés cet été entre le 3 et le 21 Août, et si tu ne le fais pas l’assistante le fera« , ça ressemble à un ordre. Et c’est même pire en fait. C’est nier que les congés payés sont un droit dont disposent les salariés. L’entreprise dispose quant à elle du droit d’organiser correctement les départs pour ne pas désorganiser sa production. On ne le répétera jamais assez.

BONUS : SAMEDI MALIN !
Posez votre semaine du 27 au 31 Décembre ainsi que le 24 Décembre et le 3 Janvier. Parce que les samedis sont fériés, on a droit à 2 jours de congés en plus. Explication ici.

Si vous avez subi cette illégalité, faites-nous savoir que vous souhaitez participer à une action judiciaire coordonnée devant les tribunaux de prud’hommes. Quelques documents sont nécessaires pour constituer votre dossier.

Pour gagner quoi : le paiement des jours de congés et un dédommagement.

Pour rappel, depuis 2016 nous avons lancé 4 procédure coordonnées pour « Faire respecter le salaire minimum Syntec – PMSS », pour plus de 110 salariés au total . Ont-ils subi des représailles, non ! Sont-ils partis ? Non. Enfin ceux qui sont partis le sont de leur plein gré, et vont bientôt gagner plusieurs milliers d’euros.

Si vous pensez pouvoir agir au quotidien auprès de vos collègues, contactez-nous pour créer une section syndicale du Syndicat Indépendant Diversité et Proximité dans votre entreprise 🙂

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